Art

Que demander de plus comme moyen de remise en question des dynamiques sociales complexes que par le biais de l’art?

Tout au long de l’année 2018, Tangled Art + Disability a organisé la série « Flourshing » qui présentait le travail de sept artistes ayant jonglé avec la souffrance et l’épanouissement dans leur propre vie. Ces artistes ont donné une forme à leurs réflexions sur l’épanouissement humain : peintures, photos, sculptures, vidéos et performances. Ce travail confrontait les stéréotypes et la dévalorisation liés au handicap, la maladie mentale ou la marginalisation intersectorielle.

« Les idées sur le sens et la valeur de nos vies proviennent du puits profond de l’imagination collective. Si ce puits est teinté de capacitisme, ses eaux limiteront notre capacité d’imaginer notre épanouissement lorsque nous ressentirons de la fragilité ou de la souffrance. La culture populaire nous bombarde d’histoires de mort qui nous libèrent d’une “vie gâchée”. Pour résister à ce paysage stérile, ce projet se tourne vers les artistes de la collectivité de Tangled afin d’imaginer l’épanouissement et le handicap ensemble cette fois, dans de grands motifs inclusifs. »

– Catherine Frazee

Artists

Aislinn Thomas

Aislinn Thomas est une artiste interdisciplinaire dont la pratique comprend la vidéo, la performance, l’installation et des oeuvres textuelles. En s’inspirant des expériences et des relations du quotidien, elle explore les thèmes de la vulnérabilité, de l’empathie, des possibilités et de l’échec. Son travail a fait l’objet d’expositions nationales et internationales. Elle est récipiendaire de plusieurs bourses, subventions et prix, notamment d’une bourse d’études en arts et design de l’Académie royale des arts du Canada/C.D. Howe, d’une bourse de maitrise du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, ainsi que de subventions du Conseil des arts de l’Ontario et du Conseil des Arts du Canada. Aislinn Thomas vit actuellement à Kitchener (Ontario) au Canada.

Salima Punjani

Salima Punjani est une artiste à vocation sociale résidant à Montréal (Québec). Elle s’intéresse à l’utilisation de la narration multimédia pour explorer les intersections entre la science et l’art. Parmi ses projets récents, mentionnons Konbit Anba Soley, un documentaire interactif explorant un mouvement social à Cité Soleil, en Haïti, ainsi que Moms of Montreal, un projet de narration photographique qui donne un aperçu intime de la vie, des recettes et des expériences de différentes familles montréalaises. Un élément clé de la démarche récente de Salima Punjani consiste à s’assurer que les personnes qui participent activement aux oeuvres soient à la fois sujets et spectateurs. Ses œuvres ont été exposées à Québec, Montréal et Vancouver, ainsi qu’en Éthiopie et au Japon.

Maanii Oakes

Maanii Oakes est une praticienne du tatouage culturel et une artiste visuelle maskégonne anichinabée et kanienkehaka, âgée de 19 ans. Son travail inclut les médiums du tatouage cousu, du tatouage fait main, du crayon à mine et, plus récemment, de la sculpture de peaux brutes. Influencée par son lieu de résidence à Eeyou Istchee, son travail rappelle l’urgence d’adopter des façons cries de gouverner et d’être que son défunt grand-père revendiquait. Son ozhaasawin (certifié par Earthline Tattoo) est fait de façon cérémoniale, en reconnaissant la responsabilité d’incarner la résurgence de pratiques propres à sa nation. Il a été présenté à Come Up to My Room, en guise d’accompagnement à son installation collaborative mshkiki de saules rouges et de gaze de coton. Elle tatoue des motifs traditionnels et contemporains en s’inspirant de ses propres recherches archivistiques et de la forte culture matérielle de ses ancêtres, dont les motifs de tissage de scirpe et les couvertures peintes de caribou de la baie James. En revanche, ses œuvres figuratives abordent l’histoire récente et le colonialisme actuel en ne mettant pas l’accent sur la perte de ce qu’elle n’a jamais eu, mais sur la réalité d’une culture vivante qui s’infiltre à travers des couches d’assimilation. Ses dessins les plus récents font référence à des exvotos latino-américains. Ils représentent des syllabes cries dans des scènes de l’hémisphère Nord autochtone pour établir des parallèles avec l’impact culturel et l’adaptation que le catholicisme a produits au sein des communautés rurales. Maanii Oakes a exposé à Toronto au Theatre Centre, à Black Cat Gallery, à Artscape Youngplace et à l’hôtel Gladstone, et elle a fait la couverture du magazine The Peak en plus de paraitre dans Canadian Art. Sa pratique comprend diverses présentations publiques et expériences de mentorat artistique dans le milieu communautaire, et celles-ci sont axées sur la justice environnementale et l’intendance autochtone, ce qui témoigne de son implication dans les échanges communautaires et culturels.

Laura Burke

Établie à Halifax (Nouvelle-Écosse), Laura Burke est une écrivaine, comédienne et poète qu’on a identifiée de folle. Elle a fait ses débuts en 2011 à San Francisco avec sa première pièce Voices. Depuis, elle a écrit Heartwood, une performance solo autobiographique sur son parcours d’ancienne psychiatrisée et son cheminement visant à redonner à ceux qui souffrent de manière similaire. Heartwood a été produit à travers le Canada, notamment au May Works Festival et dans le cadre du programme d’espaces ouverts du Neptune Theatre et du Doppler Effect Theatre. Un extrait de sa pièce Iris a été présenté au Soloicious Festival et au Women in Theatre Festival à Halifax. Elle travaille actuellement sur la nouvelle ébauche d’une pièce de théâtre qui se déroule à l’asile psychiatrique Bethlem au début du XIXe siècle, et elle collabore avec Tangled Art + Disability dans le cadre de leur série Flourishing. En 2017, Laura Burke était membre du Eastern Front Theatre Playwright’s Unit, et elle est actuellement un nouveau membre de Bus Stop Theatre Playwright’s Unit. Elle aime travailler sur des personnages vulnérables, souvent incompris, qui luttent au cours de leur marginalisation pour revendiquer l’altérité comme un droit de naissance. Lorsqu’elle n’écrit pas ou qu’elle ne travaille pas sur scène, elle travaille comme psychothérapeute. Elle aime aussi passer du temps au nord d’Halifax avec ses 12 poulets urbains.

Max (Sarah) Ferguson

Max Ferguson pratique l’art depuis 1996, et détient un baccalauréat en arts visuels de l’Université de Regina depuis 2001. Max a obtenu une maitrise en études interdisciplinaires (arts visuels et études de la condition des femmes et de genre) à l’Université de Regina en 2017. À l’heure actuelle, il poursuit un doctorat en études de la condition des femmes et de genre à l’Université York. Ses explorations artistiques portent sur des questions sociopolitiques, dont le féminisme, le genre, les problématiques allosexuelles, le corps, le surréalisme et la psychanalyse. Max Ferguson travaille avec une variété de médias, allant d’oeuvres à composantes informatiques et aux readymades, aux bâtons à l’huile, au plomb et au collage numérique. Son travail porte actuellement sur les notions hybrides de la photographie, la sculpture, l’installation, la musique et la performance qui impliquent la psyché, le corps, l’activisme et la théorie allosexuelle. Max publie à titre de poète et d’écrivaine, il est également titulaire d’un diplôme en journalisme et a publié sur des sujets politiques, juridiques, militaires et artistiques dans quatre provinces différentes au cours de la dernière décennie.

Peter Owusu-Ansah

Peter Owusu-Ansah est un artiste visuel autodidacte né au Ghana. À l’âge de 26 ans, un souvenir d’enfance est remonté à la surface : il avait toujours dessiné créativement et fait de l’artisanat avec des boites de conserve. Il s’est aussi rappelé qu’il avait toujours vu le monde, mais que les mots qu’ils avaient entendus ne l’avaient pas vraiment aidé à le comprendre. Il a alors recommencé à être créatif. Son but est d’exprimer l’émotion enthousiaste qui émane de la vue de l’image elle-même. Il a expérimenté la peinture, la photographie de rue et le pop art. Sa photographie a été quelque peu exposée à Toronto, ainsi qu’à l’extérieur de Toronto. Il a été reconnaissant de cette expérience bien qu’insatisfait. Il voulait faire quelque chose de grand parce que selon son expérience la collectivité des personnes sourdes n’a pas été incluse dans quelque chose de grand et de reconnu dans le monde. Il croit qu’il est important que le monde en sache davantage sur les personnes sourdes parce qu’elles existent. Elles ne sont pas là pour être observées. Elles doivent aussi créer et être prises en compte. Il lit sur ce qui se passe dans le monde de l’art, et il observe beaucoup d’oeuvres tous les jours pour comprendre où en est le monde de l’art. Il est depuis longtemps à la recherche d’idées qui mériteraient, selon lui, qu’il y dédie du temps et de l’énergie pour les réaliser. En 2009, lorsqu’il a agrandi l’une de ses illustrations pop, il a été émerveillé par les pixels colorés. À titre expérimental, il a alors commencé à utiliser Photoshop pour créer des couleurs interactives. Aujourd’hui, Peter fait le plus grand travail de couleur de tous les temps et il vit à Toronto (Canada).

Richard Harlow

En 2010, Richard Harlow, un apprenti peintre à l’Université Emily Carr, a reçu un diagnostic de neuropathie optique héréditaire de Leber, une maladie rare et sans traitement du nerf optique qui touche 1 personne sur 250 000. Il a alors cessé de créer de l’art pendant des années. Nouvellement conscient de l’isolement, de la pauvreté, de la discrimination et du capacitisme relatifs au handicap, il a décidé de consacrer sa vie à aider les autres personnes handicapées. Il a animé une émission de télévision intitulée App TV sur AMI, et il est devenu un membre dévoué du conseil d’administration d’INCA. Il a exploré l’humour, la mode en tant que mannequin et le théâtre avant de trouver le courage de créer à nouveau de l’art. En 2017, il a réinventé son style artistique, et il s’est inscrit à des cours d’art à l’Université de l’ile de Vancouver. Avec son « art accessible », Richard Harlow cherche à faire disparaitre les barrières dans le monde de l’art. Il encourage les gens à toucher ses œuvres qui sont communément suspendues à une hauteur accessible. La présentation de son travail dans des galeries d’art publiques rend aussi son art financièrement accessible à ceux qui vivent dans la pauvreté. Son travail vise à faire comprendre qu’il n’y a pas de limites à ce qu’une personne peut accomplir et que le fait d’avoir un handicap n’est pas la fin, mais le début d’un nouveau chapitre.

Groupe de personnes près du l’eau